Est-il éthique de recourir à la géo-ingénierie?
C'est dorénavant une certitude confirmée que l'on retrouve dans le 5e rapport publié en 2013 du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC): « la Terre se réchauffe et cela va continuer au moins jusqu'à la fin du 21e siècle » (Rochon, 2013). Afin de transformer positivement le sort humain suite à ce triste constat pouvant gravement affecter la pérennité des générations futures, le GIEC a mentionné, pour la première fois dans son « Résumé à l'intention des décideurs », que la géo-ingénierie peut s'avérer être une solution potentielle (Foucart, 2013). Toutefois, le concept de géo-ingénierie, qui désigne en un ensemble d’actions techniques déployées afin de manipuler consciemment le climat terrestre dans le but de pallier les effets du réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre, est loin de faire l'unanimité mondialement. Par conséquent, il s'avère pertinent de se demander s'il est éthique de recourir à la géo-ingénierie. Pour tenter d'élucider cette question complexe, des arguments expliquant en quoi cette solution potentielle serait éthique ou non seront présentés.
Tout d'abord, l'éthique peut être définie comme étant « une réflexion sur les comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable » (La Toupie, s.d.). En d'autres termes, l'éthique est donc « une recherche d'idéal de société et de conduite de l'existence » (La Toupie, s.d.). Parmi les approches éthiques, on peut en distinguer deux principales, pour lesquelles le critère définissant une conduite morale (désignant ce qu'est une bonne action) ne sera pas le même. La première approche est celle de l'utilitarisme (qui peut se résumer par l’idée selon laquelle « la fin justifie les moyens »). Dans ce cas, ce sont les conséquences de l'action qui détermineront si celle-ci est bonne ou mauvaise. La deuxième approche est celle du déontologisme (selon lequel au contraire « la fin ne justifie pas les moyens »). Dans ce cas, ce sont les intentions ou motivations de l'action (sans tenir compte des conséquences) qui détermineront si celle-ci est bonne ou mauvaise (Michel, s.d.).
Si l'on analyse la géo-ingénierie d'un point de vue déontologique, on peut affirmer que l'intention de celle-ci est bonne, car elle tente de réduire et/ou éliminer les bouleversements climatiques. De plus,
« le fait que les choses bougent trop lentement sur le front politique, et que la perspective d’un emballement du climat si la température dépasse le seuil des deux degrés d’augmentation depuis l’ère préindustrielle, ou si la quantité de particules de CO2 dépasse le seuil des 450 parties par million tout cela oblige de plus en plus de scientifiques à évoquer, à contrecœur, la géo-ingénierie comme un plan B » (Lapointe, 2009).
Par conséquent, l'approche déontologique pourrait permettre d'affirmer qu'il est éthique de recourir à la géo-ingénierie. Cependant, d'un point de vue utilitariste, il est plus complexe de prendre position, car les conséquences de la géo-ingénierie peuvent aussi bien être telles qu'envisagé, c'est-à-dire bénéfiques (dans le cas où le climat serait stabilisé), ou cauchemardesques et irréversibles (dans le cas où il y aurait, au contraire, un emballement du climat). Par conséquent, avec l'approche utilitariste, il est difficile d'affirmer qu'il est éthique de recourir à la géo-ingénierie, car les conséquences peuvent être bonnes ou mauvaises.
En conclusion, en s'appuyant sur le « Principe responsabilité » de Hans Jonas (interdisant « à l’homme d’entreprendre aucune action qui pourrait mettre en danger soit l’existence des générations futures, soit la qualité de l’existence future sur terre », et mentionnant que celui-ci « devrait toujours s'assurer que toute éventualité apocalyptique soit exclue » avant d'utiliser une technique), duquel découle l'actuel principe de base en environnement qu'est le « Principe de précaution », il est possible de penser que, pour qu'une action environnementale soit éthique, cette dernière doit être exempte de conséquences néfastes pour l'homme et la Terre et de mauvaises intentions (Hypokeimenon, 2011). Autrement dit, l'action environnementale doit pouvoir « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins » (Nations Unies, 1987). Avec ces conditions, il serait plausible d'affirmer que le recours à la géo-ingénierie n'est pas éthique, car bien que les intentions soient bonnes, l'homme n'est pas hors de tout doute qu'il n'y ait pas de conséquences néfastes suite à l'utilisation de cette technologie. Toutefois, cette position pourrait changer dans le cas où les conséquences de la géo-ingénierie seraient parfaitement maîtrisées, afin d'éviter avec certitude tout inconsidéré.
Références
Foucart, S. (2013). Géo-ingénierie. In Le Monde. Réchauffement climatique: les experts du GIEC durcissent leur diagnostic. http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/09/27/rechauffement-climatique-les- experts-du-giec-aggravent-leur-diagnostic_3485857_3244.html (Page consultée le 12 décembre 2013).
Hypokeimenon (2011). Hans Jonas. In Worldpress. http://hypokeimenonblog.wordpress.com/2011/01/23/hans-jonas/ (Page consultée le 14 décembre 2013).
La Toupie (s.d.). Définition de l'éthique. In La Toupie. Éthique. http://www.toupie.org/Dictionnaire/Ethique.htm (Page consultée le 21 novembre 2013).
Michel, M. (s.d.). Les différents critères de moralité d'un acte. In Communauté du Cénacle de Sauges. http://www.cenaclesauges.ch/diary9/68CommentFaire.htm (Page consultée le 21 novembre 2013).
Nations Unies (1987). Brundlandt Report. In Report of the World Commission on Environment and Development. (Rapport consulté le 22 décembre 2013).
Rochon, M. (2013). Les températures. In Société Radio-Canada. GIEC: tendance au réchauffement planétaire sans équivoque. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2013/09/27/001-giec-rapport-climat.shtml (Page consultée le 20 novembre 2013).
C'est dorénavant une certitude confirmée que l'on retrouve dans le 5e rapport publié en 2013 du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC): « la Terre se réchauffe et cela va continuer au moins jusqu'à la fin du 21e siècle » (Rochon, 2013). Afin de transformer positivement le sort humain suite à ce triste constat pouvant gravement affecter la pérennité des générations futures, le GIEC a mentionné, pour la première fois dans son « Résumé à l'intention des décideurs », que la géo-ingénierie peut s'avérer être une solution potentielle (Foucart, 2013). Toutefois, le concept de géo-ingénierie, qui désigne en un ensemble d’actions techniques déployées afin de manipuler consciemment le climat terrestre dans le but de pallier les effets du réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre, est loin de faire l'unanimité mondialement. Par conséquent, il s'avère pertinent de se demander s'il est éthique de recourir à la géo-ingénierie. Pour tenter d'élucider cette question complexe, des arguments expliquant en quoi cette solution potentielle serait éthique ou non seront présentés.
Tout d'abord, l'éthique peut être définie comme étant « une réflexion sur les comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable » (La Toupie, s.d.). En d'autres termes, l'éthique est donc « une recherche d'idéal de société et de conduite de l'existence » (La Toupie, s.d.). Parmi les approches éthiques, on peut en distinguer deux principales, pour lesquelles le critère définissant une conduite morale (désignant ce qu'est une bonne action) ne sera pas le même. La première approche est celle de l'utilitarisme (qui peut se résumer par l’idée selon laquelle « la fin justifie les moyens »). Dans ce cas, ce sont les conséquences de l'action qui détermineront si celle-ci est bonne ou mauvaise. La deuxième approche est celle du déontologisme (selon lequel au contraire « la fin ne justifie pas les moyens »). Dans ce cas, ce sont les intentions ou motivations de l'action (sans tenir compte des conséquences) qui détermineront si celle-ci est bonne ou mauvaise (Michel, s.d.).
Si l'on analyse la géo-ingénierie d'un point de vue déontologique, on peut affirmer que l'intention de celle-ci est bonne, car elle tente de réduire et/ou éliminer les bouleversements climatiques. De plus,
« le fait que les choses bougent trop lentement sur le front politique, et que la perspective d’un emballement du climat si la température dépasse le seuil des deux degrés d’augmentation depuis l’ère préindustrielle, ou si la quantité de particules de CO2 dépasse le seuil des 450 parties par million tout cela oblige de plus en plus de scientifiques à évoquer, à contrecœur, la géo-ingénierie comme un plan B » (Lapointe, 2009).
Par conséquent, l'approche déontologique pourrait permettre d'affirmer qu'il est éthique de recourir à la géo-ingénierie. Cependant, d'un point de vue utilitariste, il est plus complexe de prendre position, car les conséquences de la géo-ingénierie peuvent aussi bien être telles qu'envisagé, c'est-à-dire bénéfiques (dans le cas où le climat serait stabilisé), ou cauchemardesques et irréversibles (dans le cas où il y aurait, au contraire, un emballement du climat). Par conséquent, avec l'approche utilitariste, il est difficile d'affirmer qu'il est éthique de recourir à la géo-ingénierie, car les conséquences peuvent être bonnes ou mauvaises.
En conclusion, en s'appuyant sur le « Principe responsabilité » de Hans Jonas (interdisant « à l’homme d’entreprendre aucune action qui pourrait mettre en danger soit l’existence des générations futures, soit la qualité de l’existence future sur terre », et mentionnant que celui-ci « devrait toujours s'assurer que toute éventualité apocalyptique soit exclue » avant d'utiliser une technique), duquel découle l'actuel principe de base en environnement qu'est le « Principe de précaution », il est possible de penser que, pour qu'une action environnementale soit éthique, cette dernière doit être exempte de conséquences néfastes pour l'homme et la Terre et de mauvaises intentions (Hypokeimenon, 2011). Autrement dit, l'action environnementale doit pouvoir « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins » (Nations Unies, 1987). Avec ces conditions, il serait plausible d'affirmer que le recours à la géo-ingénierie n'est pas éthique, car bien que les intentions soient bonnes, l'homme n'est pas hors de tout doute qu'il n'y ait pas de conséquences néfastes suite à l'utilisation de cette technologie. Toutefois, cette position pourrait changer dans le cas où les conséquences de la géo-ingénierie seraient parfaitement maîtrisées, afin d'éviter avec certitude tout inconsidéré.
Références
Foucart, S. (2013). Géo-ingénierie. In Le Monde. Réchauffement climatique: les experts du GIEC durcissent leur diagnostic. http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/09/27/rechauffement-climatique-les- experts-du-giec-aggravent-leur-diagnostic_3485857_3244.html (Page consultée le 12 décembre 2013).
Hypokeimenon (2011). Hans Jonas. In Worldpress. http://hypokeimenonblog.wordpress.com/2011/01/23/hans-jonas/ (Page consultée le 14 décembre 2013).
La Toupie (s.d.). Définition de l'éthique. In La Toupie. Éthique. http://www.toupie.org/Dictionnaire/Ethique.htm (Page consultée le 21 novembre 2013).
Michel, M. (s.d.). Les différents critères de moralité d'un acte. In Communauté du Cénacle de Sauges. http://www.cenaclesauges.ch/diary9/68CommentFaire.htm (Page consultée le 21 novembre 2013).
Nations Unies (1987). Brundlandt Report. In Report of the World Commission on Environment and Development. (Rapport consulté le 22 décembre 2013).
Rochon, M. (2013). Les températures. In Société Radio-Canada. GIEC: tendance au réchauffement planétaire sans équivoque. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2013/09/27/001-giec-rapport-climat.shtml (Page consultée le 20 novembre 2013).